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CHRONIQUE - "Léviathan" de Shiro Kuroi [SPOIL]

Dernière mise à jour : 11 janv. 2022



Léviathan, nom : Le Léviathan est un monstre mythologique prenant différentes formes (serpent, dragon, crocodile) et représentant le danger absolu pouvant conduire à l'extermination de la terre.

Initialement graphiste, Shiro Kuroi n’était pas spécialement prédestiné à devenir mangaka. Et pourtant… Après avoir franchi le pas, l’auteur arrive avec ce "Léviathan", un premier opus suffocant et aux influences certes marquées mais avec un style qui, lui, est bien personnel.

Pour cette sortie, c’est les éditions Ki-oon qui ont décidé de lui faire confiance et on doit bien avouer qu’ils ont eu le nez creux. Ce volume est le premier de ce qui sera visiblement une trilogie.


Résumé de l’éditeur :

« Au fin fond de la galaxie, le Léviathan, un immense vaisseau spatial, flotte à la dérive. Quand des pilleurs d’épaves s’y introduisent, ils découvrent le journal intime d’un collégien, Kazuma, relatant les événements qui ont eu lieu dans les entrailles du navire... À sa lecture, l’évidence s’impose : un survivant de la catastrophe se cache quelque part dans le dédale des ruines ! Des années plus tôt, le jeune Kazuma est en plein voyage scolaire vers la Terre. La fête tourne court quand des explosions d’origine inconnue détruisent une partie de la coque du vaisseau ! Voilà les passagers immobilisés au milieu de nulle part... L’adolescent et sa camarade Futaba surprennent alors une conversation entre leur professeur et un robot de maintenance : les réserves d’oxygène sont insuffisantes pour tenir jusqu’à l’arrivée des secours... Le seul espoir de survie est un caisson de cryogénisation niché au cœur du géant de métal. Or, il ne peut contenir qu’une personne... Malheureusement pour les élèves, l’enseignant comprend vite qu’il a été entendu. C’est le début d’une lutte sanglante pour préserver le secret ! »

En à peine 187 pages, l’auteur arrive à planter une ambiance aussi glaçante que l’espace qui entoure ce navire à la dérive. Avec ce huit-clos spatial, Shiro Kuroi livre ses personnages à eux mêmes, puisque privés d’adultes, ces enfants vont devoir trouver une solution pour sortir indemnes de cette carcasse volante. Si l’auteur cite volontiers Kazuo Umezu dans ses influences, il est en effet vraiment difficile de ne pas voir l’emprunte laissée par "L’école Emportée" sur ce "Léviathan".

En effet, nous sommes sur un schéma similaire au niveau de la situation, les adultes ne sont plus et les enfants vont devoir se débrouiller seuls pour survivre, isolés dans un endroit clos et entourés de dangers, et comme chez son aîné, l’image est assez parlante. Nous avons affaire à une classe d’enfants issue d’une école terrienne, et les élèves seront très vite privés des adultes. Or les adultes sont justement les piliers de ses enfants qui se retrouveront donc sans autorité, ni éducation.

Ils devront trouver leurs manières de faire, comment vont-ils réagir ?

Très vite un début de réponse arrive avec l’apparition de l’antagoniste principal. Elle va découvrir le secret du vaisseau. La survie est possible mais pour une seule personne et, bien sur, plusieurs personnes vont l’apprendre.

La tuerie va alors commencer. Les uns après les autres les personnages vont mourir (dans d’atroces souffrances bien sur) et l’histoire va prendre une tournure survivale bienvenue.

Mais une question se pose à la fin du livre, une question assez étrange, qui légitimerait presque les meurtres commis par Futaba : finalement, vouloir garder le secret coûte que coûte n’était-il pas la meilleure solution pour préserver le calme parmi les élèves ? L’auteur nous fait clairement comprendre qu'à partir du moment où la nouvelle d’une possible survie se repand, la situation tourne à l’aigre (et c’est peu dire) et c’est ici aussi que l’histoire commence vraiment.

Une chose intéressante ressort de Léviathan. C’est cette mise en abyme du lecteur qui se retrouve à suivre les aventures de pilleurs de vaisseaux qui eux mêmes se retrouvent à lire un journal pour découvrir l’histoire du lieu où ils se trouvent. Amusant non ? C’est d’ailleurs étrange de voir ces pilleurs se poser des questions que nous même nous nous posons au cours de notre lecture, comme si l’auteur orientait un peu notre raisonnement pour essayer de nous faire mettre le doigts sur quelque chose d’important.

L’histoire et les situations sont appuyées par un dessin extrêmement lourd et pesant. Tout est noir : l’espace, les personnages, cette situation à l’issue sinistre, l’âme de l’antagoniste mais surtout, ce trait. C’est lui qui porte haut et fort ce parti pris, ce hachurage qui assombri tconsidérablement la vision du lecteur, et c’est sans doute inspiré par Umezu que Kuroi à entrepris de se lancer. Ce noir est étouffant, il est omniprésent, de la couverture aux tranches du livres et il ne laisse au blanc que très peu de place finalement (au moins autant qu’a l’espoir je dirais) et il est littéralement écrasé par cette couleur (ou cette absence de couleur plutôt).

Pas d’espoirs donc, ou très peu dans ce monde dominé par la peur viscérale de mourir. L’auteur arrive par ailleurs très bien à illustrer ce propos en dessinant énormément de tuyaux quand certains personnages sont perdus dans les entrailles du vaisseaux (sans doute une métaphore des viscères à proprement parler) et accentue encore ce malaise palpable. Pour en finir avec les dessins je dirais que l’auteur arrive parfaitement à figer des émotions sur le visage de ses personnages, flirtant parfois avec le réalise.


Purement SF dans la forme, "Léviathan" l’est beaucoup moins dans le fond avec les thématiques qu’il aborde. Il n’en reste pas moins une réussite pour un premier essaie. La fin du tome laisse présager une suite encore plus folle et surtout plus violente puisque le récit à l’air de tourner au battle royale, chose qui ravira les amateur.trice.s de mangas. L’histoire quant à elle n’a pas fini de rebondir puisqu’en parallèle de tout ça, une fine couche d’intrigue politique a commencée à se distiller, visiblement les Terriens ne sont pas bien vu dans le système et il se pourrait bien qu’une pluie de météorites ne soit pas à l’origine de tout ce fatras…


Ethno


Auteur : Shiro Kuroi

Éditeur : Ki-oon

Année : 2022

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